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LUCY - la critique

LUCY - la critique

Lucy, écrit et réalisé par Luc Besson. Avec Scarlett Johansson, Morgan Freeman, Choi-min Sik. FRANCE - 89mn. Sortie le 6 août 2014.

A la suite de circonstances indépendantes de sa volonté, une jeune étudiante voit ses capacités intellectuelles se développer à l’infini. Elle « colonise » son cerveau, et acquiert des pouvoirs illimités.

LUCY - la critique

Encore une fois, Luc Besson ne laisse pas indifférent. Qu'il en soit scénariste, producteur et/ou réalisateur, un nouveau film estampillé Besson divise, fait débat et promet de belles empoignades viriles entre les gardiens du bon goût et... les autres. Rien de bien nouveau là-dedans me direz-vous... et vous auriez bien raison!

Depuis Le Grand Bleu, en passant par Léon, Le Cinquième Elément ou encore Jeanne D'Arc, un fossé s'est en effet créé entre le public et la critique. Un gros même.

Si la plupart des films mis en scène par Besson sont des cartons en salles (les 9 millions d'entrées du Grand Bleu, les 7 du Cinquième Elément...), ils se font immanquablement défoncer par les journalistes, toujours prêts semble-t-il à tomber sur le dos de notre wonder-boy hexagonal, celui qu'on aime à appeler le Spielberg français. Parce que oui, c'est bien beau le succès du cinéma français (cocorico!), mais ce serait quand même mieux avec des films intelligents et profonds et pas avec des pellicules populaires et grand public tout juste bonnes à caresser la plèbe dans le sens du poil pendant qu'elle finit son seau de pop-corn. 

Caricatural? Oui, un peu. Au moins autant que le systématisme avec lequel Luc Besson se fait basher au moment de la sortie d'un de ses films.

LUCY - la critique

Pourtant, loin de moi l'idée de faire de cette critique de Lucy une tribune pour défendre becs et ongles le metteur en scène du Grand Bleu. Déjà parce qu'il n'en a pas besoin mais surtout parce que ce serait faire preuve de mauvaise foi que d'affirmer que j'aime tout le cinéma de Luc Besson, et ce sans aucune limite. Si j'ai une très grande affection pour plusieurs de ses réalisations (Nikita et Léon en tête), pour quelques-uns de ses scripts, franchements efficaces (Taken, Le Baiser Mortel du Dragon et... Lock Out qui me fait bien triper, j'avoue) et pour son investissement dans des productions beaucoup moins évidentes (Trois Enterrements de Tommy Lee Jones ou encore Ne le dis à personne de Guillaume Canet), le metteur en scène de Jeanne d'Arc m'a souvent déçu au fil de la dernière décennie, notamment avec le très inégal Les Aventures d'Adèle Blanc-Sec (écrit et réalisé par ses soins), l'atroce Taken 2 d'Olivier Megaton (et qui récidive pour le troisième volet... misère...) ou bien encore le moyennement convaincant 3 Days To Kill de McG.

La faute à qui? Principalement à des schémas narratifs répétés jusqu'à l'épuisement (la série des Taxi), à une direction d'acteurs pas toujours heureuse (Travolta qui en fait des caisses dans From Paris With Love), à un humour pas toujours très finaud... bref, au sentiment d'être face à des produits un peu trop formatés pour être honnêtes et qui ternissent l'image de surdoué de la caméra que Luc Besson s'était forgée avec des oeuvres telles que Le Grand Bleu ou Nikita. C'est pour toutes ces raisons que le voir revenir aux affaires avec Lucy, un projet qu'il porte en lui depuis presque dix ans maintenant, a de quoi susciter une certaine joie. Autant qu'une certaine crainte.

Verdict?

LUCY - la critique

La note d'intention de Luc Besson était de faire de Lucy un mix entre Léon, Inception et 2001, L'Odyssée de l'Espace... Oui, oui, vous avez bien lu. Une volonté ambitieuse certes mais surtout pour le moins casse-gueule, tant le mélange des genres nécessite une rigueur d'écriture qui n'est pas, il faut bien le reconnaître, le fort des derniers scripts pondus par le papa d'EuropaCorp. Malgré des bandes-annonces assez alléchantes, on était en droit de craindre l'exercice de style vain et prétentieux, tout juste bon à enterrer une bonne fois pour toutes son metteur en scène mégalo. Et pourtant... force est de reconnaître que Lucy étonne à de nombreuses reprises et se révèle être une proposition de cinéma que l'on n'attendait pas (plus?) de la part de Luc Besson. Si le film n'est certes pas à la hauteur des précédentes oeuvres-phares du réalisateur, il se trouve qu'il donne à voir de l'ambition... et ça, après Adèle Blanc-Sec, Banlieue 13 ou Yamakasi, ça fait du bien!

Ça fait tout bizarre mais ça fait du bien!

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Mais on se calme quand même, hein! Je dis pas que Lucy est un chef-d'oeuvre, loin de là. Y'a des facilités scénaristiques qui à ce niveau-là ne sont plus des ficelles mais des cordes, c'est blindé d'invraisemblances quant à l'utilisation que fait Lucy de ses pouvoirs (en gros, elle désarme les méchants quand ça l'arrange) et il y a quelques séquences qui déclenchent plus de gêne que d'admiration (genre le piège dans lequel tombe l'héroïne et son montage-parallèle-pour-les-nuls)... Mais, à côté de ça... Luc Besson propose un divertissement qui tutoie parfois l'excellence, vraiment. Déjà, au niveau de l'interprétation Scarlett Johannsson tape juste du début à la fin : de la fille paniquée à la déesse omnisciente et froide comme la mort, la comédienne est de quasiment chaque plan et porte littéralement le métrage sur ses épaules. Ensuite, au niveau de la mise en scène : si, comme je le disais précédemment, certains passages apparaissent comme maladroits, d'autres s'imposent clairement comme parmi ce que le réalisateur du Cinquième Elément a délivré de mieux sur un grand écran. D'une fusillade orchestrée sur le Requiem de Mozart à un final totalement WTF qui convoque autant le Tree Of Life de Terrence Malick que la trilogie Matrix des Wachowski (si si, je vous jure), en passant par une poursuite dans les rues de Paris qui débourre bien et une séquence de transformation en plein ciel bien flippante, Lucy est un divertissemnent franchement sympathique, bougrement efficace et plus profond qu'il n'y paraît.

Un blockbuster qui ne mérite clairement pas le déversement de bile observé depuis sa sortie. Mais c'est Besson, alors...

LUCY - la critique

Inattendu de la part d'un cinéaste dont on espérait justement plus grand chose de cette envergure (comment passer d'un truc comme Taken 2, écrit à la truelle, à ça?..), Lucy se révèle clairement, au bout de ses 90 minutes qui filent à toute allure, comme l'un des blockbusters récents les plus surprenants et l'un de ceux qui ne vous quittent pas tout de suite après être sorti de la salle.

Des maladresses mais aussi des fulgurances, de superbes moments d'émotions auxquels viennent se greffer des instants bien noirs et violents... On passe donc un peu par tous les spectres du filtre critique quand on se pose devant Lucy : on peut être énervé par le manque de tenue de certains passages mais on peut aussi être littéralement subjugué par des plans et des séquences proprement stupéfiantes de beauté et être pris aux tripes par le parcours de cette héroïne typiquement bessonienne à qui son créateur, sous des allures de thriller dopé aux hormones, offre un voyage spirituel et métaphysique étonnamment fascinant.

Et ouais, rien que ça.

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Crédits photos et résumé : EuropaCorp, AlloCiné.

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