14 Mars 2017
L'Instantané Séries, c'est la nouvelle rubrique que je vous propose dès aujourd'hui. "Mais qu'est-ce donc ?", te demandes-tu, fébrile comme devant le dernier épisode des Sopranos ?
Tout simplement une manière de parler des séries que je suis mais dont je n'ai pas fait de critiques au moment de la diffusion du pilote. Et plutôt que d'attendre la fin de la saison pour en parler sous forme de bilan, il me paraissait intéressant d'y revenir de manière plus régulière (je l'espère) sous la forme de critiques express ayant pour but :
1 - de vous donner du temps libre en vous épargnant la vision de certains trucs indignes de finir à 2 heures du mat' sur NRJ12
2 - de vous enlever le temps libre récupéré en vous incitant à vous mettre à LA nouvelle série à ne surtout pas manquer
On attaque aujourd'hui avec quatre séries : 24 : Legacy, Sherlock, Big Little Lies et The Good Fight.
24 : LEGACY
créée par Manny COTO et Evan KATZ, d'après 24 créée par Joel SURNOW et Robert COCHRAN
Quelques questions se posaient lorsque l'annonce du retour de la cultisme 24 heures chrono, sans Kiefer Sutherland donc, avait été faite : le concept de la série était-il assez fort pour supporter l'absence de son acteur vedette ou, au contraire, le show était-il devenu complètement tributaire du personnage qu'il avait incarné avec brio pendant neuf saisons, à savoir Jack Bauer, spécialiste des interrogatoires musclés et des clés de bras ? Après quatre épisodes de 24 : Legacy, la réponse est claire : on s'emmerde grave. Je partais pourtant sans à priori, plutôt enthousiaste même à l'idée de revoir des anciens de la série (Manny Coto, Evan Katz, Jon Cassar, Stephen Hopkins) ressusciter un de mes shows préférés et me filer ma dose d'adrénaline comme à la grande époque mais là...
Passé un premier épisode énergique et solide, on déchante très vite : les mêmes ficelles, les mêmes rebondissements et, malgré une implication louable (il flingue, saute et court avec entrain), un manque de charisme de l'acteur principal assez pénalisant. De même, en reprenant le format de la saison précédente, à savoir vingt-quatre heures condensées en douze épisodes, on pouvait espérer un rythme soutenu et un dégraissage de toutes les intrigues parallèles qui avaient parfois plombé certaines saisons avec Sutherland : raté. On se tape des personnages secondaires fadasses, une narration sans surprise, le tout enrobé d'un bon gros manque de finesse. Bref, c'est pas bon.
Je ne suis vraiment pas sûr de tenir jusqu'au bout : et faut le faire pour que j'abandonne un thriller d'espionnage en cours de route !
SHERLOCK - saison 4
créée par Steven MOFFAT & Mark GATISS
On a toujours du mal à reconnaître les errements, les erreurs, la déception finalement que représente la nouvelle saison d'une série que l'on a autrefois adulée et dont on a loué avec force les qualités incroyables d'écriture, de mise en scène et d'interprétation. Pourtant, c'est bien ce que l'on ressent face à cette saison 4 (et peut-être dernière) de Sherlock...
Trop inégale au niveau de la qualité de ses intrigues, trop chargée en effets, tant au niveau du scénario que de la réalisation, au point de devenir sa propre caricature à certains moments, cette nouvelle fournée d'épisodes se révèle comme la plus faible d'un show autrefois brillant : on a certes de bons gros retournements de situation qui nous laissent bouche bée (le fin de l'épisode 2 est un bijou), des acteurs toujours au top (Cumberbatch et Freeman) et une étude psychologique sacrément complexe et intense du personnage de Sherlock, cela ne suffit malheureusement pas à nous enlever ce petit goût amer de la bouche, celui qui nous laisse à penser que l'esbroufe est devenu le moteur d'une série dont l'inventivité ne cessait de nous émerveiller. Pas de quoi crier au scandale non plus, hein : même diminuée, Sherlock reste supérieure à beaucoup d'autres shows et les dernières images nous confirment qu'elle déboîte encore beaucoup. Moins qu'avant mais beaucoup quand même !
Diffusion dès le 15 mars sur France 4.
BIG LITTLE LIES
créée et écrite par David E. KELLEY, d'après le roman de Liane MORIARTY
Casting de luxe (Nicole Kidman, Reese Witherspoon, Shailene Woodley, Adam Scott, Laura Dern, Alexander Skarsgård...), réalisateur poids lourd (Jean-Marc Vallée, metteur en scène de C.R.A.Z.Y., Wild et Dallas Buyers Club), best-seller (Big Little Lies de Liane Moriarty) et surtout, scénariste de génie, à savoir l'immense David E. Kelley. Soit le nom qui déclenche chez moi des spasmes de bonheur, tout simplement. Créateur d'Ally McBeal, The Practice, Picket Fences, Chicago Hope, ou bien encore Boston Public, David E. Kelley reste comme un des plus grands auteurs de la télévision des années 80 et 90 et un de ceux qui ont forgé ma sériephilie.
Si les années 2000 et 2010, malgré le succès mérité de l'excellente Boston Justice avec James Spader et William Shatner, ont été plutôt rudes avec pas mal d'échecs en séries (Girls Club, The Wedding Bells, Monday Mornings, The Crazy Ones), c'est un vrai bonheur de voir E. Kelley revenir enfin sur le devant de la scène : l'année dernière, c'était grâce à la sympathique mais perfectible Goliath diffusée sur Amazon. Aujourd'hui, c'est sur HBO avec Big Little Lies. Pour l'instant, seuls quatre épisodes sur sept ont été diffusés mais on peut déjà dresser un bilan plus que positif de cet événement télé du printemps : c'est très très bon. S'il délaisse un peu le côté loufoque qui servait à merveille des oeuvres telles qu'Ally McBeal ou Boston Justice, David E. Kelley n'a rien perdu de sa capacité à écrire des personnages qui fonctionnent, ni de son talent à gratter là où ça fait mal. Subtil et intriguant portrait de femmes fortes et fragiles à la fois et thriller à combustion lente (il y a des scènes qui, mine de rien, sont bien bien tendues !), Big Little Lies cache, derrière son apparence de Desperate Housewives plus friqué, une étude très sombre et très glauque des pires instincts. Superbement réalisée par un Jean-Marc Vallée qui joue brillamment avec les temporalités à travers un montage très maîtrisé, la série offre un superbe écrin à des actrices toutes plus fascinantes les unes que les autres, bouleversantes et tragiques.
Disponible sur le bouquet OCS.
THE GOOD FIGHT - saison 1
créée par Robert KING & Michelle KING
Je partais un peu méfiant, je dois l'avouer. Ou plutôt circonspect : la septième et dernière saison de The Good Wife s'était révélée décevante et bien loin des hauteurs atteintes par la série lors de ces cinq premières années, peinant à redémarrer à la suite d'une saison 6 politique un peu plombante et délaissant de manière assez honteuse certains de ses personnages emblématiques (Cary, je pense à toi...). Les époux King semblaient un peu fatigués et leur petite pause estivale, Braindead, s'était révélée rafraîchissante et enlevée, preuve que s'éloigner de l'univers de The Good Wife était une bonne chose. Les voir replonger dedans, à la faveur d'un spin-off, avait de quoi laisser interrogateur...
Quelle méprise ! Il faut à peine quelques minutes pour de nouveau se retrouver happé : les intrigues sont toujours aussi finement ciselées, la mise en scène est toujours aussi impeccable, les dialogues toujours aussi riches et intenses, les personnages superbement installés en quelques instants seulement (et revoir Lucca Quinn, arrivée en saison 7 de The Good Wife, est un bonheur)... Bref, The Good Fight trouve son identité avec force et intelligence, sait questionner la société et ses maux avec finesse et se révèle comme un des divertissements les plus efficaces et recommandables du moment.
Crédits photos : FOX, BBC, HBO, CBS.