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HANNIBAL - critique pilote

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En 1980, bien qu'il n'en soit qu'un personnage secondaire, le Dr Hannibal Lecter fait une apparition très remarquée dans le second roman de Thomas Harris, Dragon Rouge. Psychiatre raffiné condamné pour meurtres et cannibalisme, Hannibal Lecter est un personnage littéralement fascinant qui gagnera ses galons de génie du Mal dans les trois autres livres que le romancier lui consacrera : Le Silence des Agneaux, Hannibal et enfin Hannibal, les origines du mal. Incarné à l'écan par Brian Cox dans Le Sixième Sens de Michael Mann (adaptation de Dragon Rouge), c'est l'interprétation géniale d'Anthony Hopkins qui permettra au sociopathe d'entrer dans la cour des plus grands méchants du grand écran grâce au Silence des Agneaux de Jonathan Demme et au sous-estimé Hannibal de Ridley Scott. On oubliera par contre assez volontiers la seconde adaptation de Dragon Rouge par Brett Ratner (seulement là pour permettre à Hopkins d'incarner Lecter dans tous les opus de la trilogie) tout comme on jettera un voile pudique sur l'interprétation de Gaspar Ulliel en jeune Hannibal dans Hannibal Rising...

 

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En 2013, NBC vit un peu dans l'ombre de ses succès passés. Il fût en effet une époque où la chaîne cumulait les cartons critique et public avec une constance étonnante à travers des oeuvres telles qu'Urgences, Seinfeld, Law and Order ou bien encore The West Wing, mais ce temps maintenant révolu (les échecs de Do No Harm et 1600 Penn) semble avoir poussé le network à se retrousser les manches et proposer un drama de qualité dans la lignée de ceux qui avait assis sa réputation de chaîne populaire et de qualité (Urgences pour n'en citer qu'une...). Pour cela, elle fait appel à Bryan Fuller, scénariste brillant (Star Trek Deep Space Nine, Heroes) et créateur d'oeuvres  comme Wonderfalls ou Dead Like Me qui, si elles n'ont pas connu le succès qu'elles méritaient, prouvaient le talent certain du jeune homme à mettre en place des univers décalés, poétiques et attachants. Et, parce que les films et séries mettant en scène les serial-killers cartonnent toujours (Esprits Criminels, The Following), NBC décide de s'attaquer à leur plus illustre représentant, le Dr Hannibal Lecter et ainsi de proposer, parce que là aussi c'est la mode (voir Bates Motel qui s'attache à la jeunesse du dérangé Norman Bates de Psychose), un prequel à Dragon Rouge... Bref, un projet à la fois tentant (Hannibal Lecter est un personnage fascinant, Bryan Fuller à l'écriture) mais qui soulève aussi un certain scepticisme de par sa "facilité" (reprendre un personnage connu du grand public) et les contraintes que le petit écran impliquent (violence aseptisée).

Et, détail important, l'absence d'Anthony Hopkins dans le rôle du cannibale.

 

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Ce qui frappe d'entrée de jeu dans ce pilote, c'est le soin apporté à la psychologie de son personnage principal... Will Graham. En effet, la série a beau s'intituler Hannibal, c'est bien le consultant du FBI qui sert de point d'ancrage au téléspectateur. Un point d'ancrage vacillant car psychologiquement instable et qui permet à Bryan Fuller de mettre intelligemment en avant un personnage torturé, qui comprend mieux que quiconque les tueurs qu'il poursuit car se mettant littéralement dans leur tête. En ce sens très proche de la regrettée MillenniuM de Chris Carter, Hannibal est une plongée très noire et très glauque dans la psyché humaine et dans ce qu'elle révèle de plus sordide. Soutenu par un script très malin qui instaure un climat oppressant au sein d'une intrigue certes classique mais plutôt rondement menée, cet épisode pilote est une excellente surprise et parvient habilement à faire taire les doutes suscités lors de la mise en chantier du projet.

 

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N'apparaissant qu'au bout de vingt minutes, lors d'un plan mémorable plein d'ironie jouissive, le personnage d'Hannibal Lecter trouve en Mads Mikkelsen (Casino Royale) un interprète solide, raffiné et qui ne cherche jamais à copier Anthony Hopkins. Son timbre de voix, sa stature, son regard... c'est bien simple, Mikkelsen est Hannibal et ce, en quelques secondes de présence à l'écran seulement. De plus, sa relation avec Will Graham promet déjà d'être des plus passionnantes tant les deux personnages semblent se répondre dans leur "aptitude" à canaliser le Mal qui les habite : Graham lutte pour ne pas se laisser dévorer tandis que notre bon docteur laisse quant à lui libre cours à ses pulsions meurtrières... et cannibales.

L'autre point qui marque fortement à la vision d'Hannibal est son aspect visuel : le metteur en scène David Slade (le très bon 30 jours de nuit mais que l'on croyait avoir perdu après l'horrible Twilight : chapitre 3) nous livre ainsi un épisode magnifique où se mêlent onirisme, séquences glaçantes et moments de pure adrénaline et permet à Hannibal de s'affirmer comme l'une des plus belles réalisations vues dernièrement sur le petit écran. Avec sa violence bien graphique (et qui nous rappelle encore aux bons souvenirs de MillenniuM), son ambiance lourde et morbide et l'écriture solide de Bryan Fuller, NBC frappe très fort.

 

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Pourtant, impossible de ne pas soulever quelques questions inéviatbles : jusque quand le Dr Lecter arrivera-t-il à cacher son jeu à Graham et au FBI? La série peut-elle durer longtemps sans que les scénaristes n'en viennent à adapter les romans de Thomas Harris que nous connaissons?..

Quand Gillian Anderson (inoubliable Scully dans X-Files) arrive-t-elle enfin?..

Crédits photos : NBC.

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