24 Novembre 2012
Nous York, écrit et réalisé par Géraldine Nakache & Hervé Mimran. Avec Leïla Bekhti, Géraldine Nackache, Manu Payet, Nader Boussandel, Baptiste Lecaplain. France. 1h35. Sortie le 7 novembre 2012.
Je ne sais pas quoi penser de Nous York… Certaines scènes ont bien fonctionné sur moi, que ce soit au niveau de l'humour ou de la mise en scène tandis que d'autres me sont passées totalement au-dessus : autant Tout ce qui brille avait été une excellente surprise de bout en bout, autant cette fausse suite (ce ne sont pas les mêmes personnages mais ça y ressemble beaucoup…) navigue un peu entre deux eaux, ne sachant pleinement embrasser le potentiel de comédie générationnelle que son postulat de départ pouvait laisser espérer.
Michaël, Nabil et Sylvain, trois trentenaires de Nanterre, débarquent à New York par surprise à l'occasion de l’anniversaire
de Samia, leur amie d'enfance. C'est Gabrielle, elle aussi une amie de toujours qui a tout organisé. Les deux copines ont quitté leur cité depuis deux ans pour tenter leurs chances aux
États-Unis. Samia est l'assistante personnelle d'une célèbre comédienne avec qui elle partage un sublime appartement. Gabrielle, quant à elle, travaille dans une maison de retraite où elle a lié
une relation tendre avec Mme Hazan, une Française placée ici par ses enfants.
Transposés à New York, les liens étroits tissés depuis toujours prennent un relief particulier, au rythme des péripéties de
leur séjour, du quotidien new-yorkais des deux amies et de la découverte de la ville culte...
B.O. pop, génériques stylisés et mise en scène qui épouse le spleen de ses trentenaires en manque de repères, Nous York est un film doux-amer qui tranche dans la production comique française actuelle. Bercée par les comédies américaines et le Saturday Night Live (Nakache a travaillé sur La Grosse Emission ou encore Samedi soir en direct, décalque du célèbre show US dont un extrait hilarant vient ponctuer Nous York à mi-parcours), la jeune réalisatrice toujours accompagnée d'Hervé Mimran,tente de proposer une alternative à nos comédies hexagonales qui sentent un peu la naphtaline (Bienvenue Chez les Ch'tis). Eric Toledano et Olivier Nakache, sur leurs excellents Tellement Proches et Intouchables, avaient amené un vent de fraîcheur salutaire mais malheureusement, et malgré la sympathie qu'il inspire, Nous York se révèle n'être qu'une petite brise, un peu trop timide dans son approche.
Là où un Judd Apatow (figure inévitable de la comédie américaine et dont la France cherche à percer les secrets, parfois avec un réel talent comme le Radiostars de Romain Levy) réussit brillamment à nous rendre attachants les personnages paumés de ses films (Funny People), Géaldine Nakache et Hervé Mimran échouent à nous intéresser à cette bande de potes pourtant emmenée par l'impeccable Manu Payet, la faute à un script qui a tendance à enchaîner les scénettes sans véritablement créer de liens entre elles et ainsi permettre aux personnages de s'installer dans la narration.
C'est bien dommage car c'est justement quand il assume son statut de comédie mid-tempo que Nous York fonctionne : Nakache et Mimran ne cherchant pas la vanne qui tue à chaque phrase (malgré des répliques bien savoureuses), le film gagne en humanité et en vérité dans ses moments de flottement où les personnages ne sont justement plus des personnages mais des vrais potes dont on capterait un instant de vie.
Ne retrouvant qu'à de très rares occasions ce qui avait fait le charme du pétillant Tout ce qui brille, Nous
York est une semi-déception sauvée par une troupe de comédiens excellents (Géraldine Nakache, Manu Payet et surtout l'excellent Marthe Villalonga) et des passages bien barrés (Sienna Miller
en star complètement allumée...) qui montrent que le film en avait pourtant sous le capot. Etude de caractère imparfaite, le deuxième essai de Nakache et Mimran donne furieusement envie d'aller
(ou de retourner) à New York et mérite tout de même d'être salué pour sa très belle approche de l'amitié où l'humour, les rancoeurs mais les liens indéfectibles permettent de toujours espérer un
meilleur lendemain.
Crédits photos : Vertigo Productions.