8 Octobre 2013
Rush, écrit par Peter Morgan. Réalisé par Ron Howard. Avec Chris Hemsworth, Daniel Brühl, Olivia Wilde. USA/Allemagne - 2013. 122mn. Sortie le 25 septembre 2013.
Le passionnant et haletant combat entre deux des plus grands rivaux que l’histoire de la Formule 1 ait jamais connus, celui de James Hunt et Niki Lauda concourant pour les illustres écuries McLaren et Ferrari. Issu de la haute bourgeoisie, charismatique et beau garçon, tout oppose le play-boy anglais James Hunt à Niki Lauda, son adversaire autrichien, réservé et méthodique.
"C'est le duel légendaire de deux pilotes de F1! Et c'est le nouveau film de Ron Howard! " Deux petites phrases toutes simples... Et pourtant, on y trouve largement là de quoi en freiner certains de se rendre dans les salles pour apprécier Rush... Déjà, il y a ceux qui souffrent rien qu'en voyant le sujet : des courses de voitures. Pendant deux heures. Sans Vin Diesel et sans tuning! Je peux comprendre qu'on y aille à reculons surtout si on a encore en mémoire la nanardesque Driven de Renny Harlin avec Sylvester Stallone (perso, j'aime bien. Mais j'ai aussi des goûts bizarres)... Oui mais non : déjà parce que Rush se situe dans le haut du panier des films de sport automobile, aux côtés des excellents Grand Prix de John Frankenheimer et Le Mans avec Steve McQueen, et parce que Rush est aussi et surtout la lutte passionnante de deux figures légendaires qui ont fait de la course une philosophie de la vie.
Et puis, il y a ceux pour qui Ron Howard n'a rien d'un réalisateur qui donne envie de foncer au ciné. Je suis un peu de cela, je le reconnais. Du moins, je l'étais. De Backdraft à Apollo 13 en passant par La Rançon et Horizons Lointains, l'ancien Richie Cunningham d'Happy Days était un metteur en scène que je trouvais sympathique mais loin d'avoir une vraie personnalité : ses films étaient d'agréables et efficaces divertissements, toujours bien troussés mais auxquels il manquait un je-ne-sais-quoi qui auraient pu les rendre plus marquants. Ce petit je-ne-sais-quoi, Ron Howard l'avait pourtant trouvé avec son excellent western Les Disparues et surtout avec l'exceptionnel Frost/Nixon, en 2008. Je ne vais pas y aller par quatre chemins : avec Rush, le réalisateur de l'atroce Da Vinci Code m'a tout simplement bluffé.
Vraiment.
Duel à la fois intime et spectaculaire, Rush est un film d'une force et d'un impact proprement sidérants : des courses automobiles parmi les plus impressionnantes jamais vues sur un écran de cinéma au parcours fascinant de ces deux coureurs mythiques, Ron Howard orchestre un ballet imparable fait de bruit et de fureur. Des premières minutes du film, où le son des moteurs commence à envahir la salle de cinéma jusqu'à faire trembler les sièges jusqu'aux derniers instants de ce biopic époustouflant, le metteur en scène d'Un Homme d'Exception fait preuve d'une maîtrise formelle incroyable et d'une dévotion totale à son sujet. Bien aidé par le scénario solide de Peter Morgan (déjà à l'oeuvre sur Frost/Nixon... Garde-le Ron!), Howard nous lâche une vraie bombe visuelle qui fleure bon les 70s avec sa reconstitution soignée, ses filtres et son grain de pellicule et qui, pendant deux heures, ne relâche jamais la pression. Impeccables dans les rôles de James Hunt et Niki Lauda, Chris Hemsworth (Thor) et Daniel Brühl (Inglourious Basterds) bouffent l'écran à chacune de leur apparition et retranscrivent avec talent cette lutte incroyable, follement dangereuse mais surtout empreinte d'un profond et total respect. Car si les deux pilotes s'opposent sur leur manière de vivre ce sport (l'un est un playboy fanfaron tandis que l'autre est d'un sérieux olympien), il n'en reste pas moins qu'ils savent qu'ils partagent avec la course, capable de les emporter en quelques secondes, la même passion dévorante : vivre pour elle et à travers elle.
Passionné ou non de courses automobiles, Rush est un bijou à découvrir absolument sur grand écran : visuellement superbe et doté d'un montage scotchant d'intensité (on pense souvent au regretté Tony Scott lors de certaines séquences sur les circuits) et riche d'un travail sur le son hallucinant de détails (le score de Hans Zimmer donne envie d'enfiler un casque direct tandis que tout le mixage sonore provoque une sensation d'immersion jamais ressentie jusqu'alors), le nouveau film de Ron Howard est une aventure humaine forte, poignante et exaltante.
Si un jour on m'avait dit que je serai impatient de découvrir le nouveau Ron Howard... Rendez-vous pour la nouvelle adaptation d'un roman de Dan Brown, alors! En espérant qu'Inferno soit plus proche d'Anges & Démons que du Da Vinci Code...
Crédits photos et résumé : Imagine Entertainment, Allociné.